La journaliste Chada Haj Mubarak appelle les autorités à respecter son droit aux soins et à la liberté
Genève, le 9 novembre 2024
L’Association des victimes de la torture à Genève suit avec une profonde inquiétude la détérioration grave de l’état de santé de la journaliste Chada Haj Mubarak, qui a entamé une grève de la faim depuis le dimanche 3 novembre 2024, depuis la prison de Messaadine près de la ville de Sousse. Cette action est un geste de protestation contre le « refus de lui fournir des analgésiques depuis près d’un mois et de lui permettre de consulter un médecin pour traiter les douleurs multiples qui se sont répandues dans chaque partie de son corps à cause de la négligence médicale et de l’absence de conditions de détention humaines », selon les déclarations de son frère qui lui a rendu visite mardi soir en prison.
Il convient de rappeler que la journaliste Chada Haj Mubarak est détenue en attente de jugement par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Sousse 1, qui a rejeté sa demande de libération et a fixé une audience pour le 28 octobre 2024 dans le cadre de l’affaire connue médiatiquement sous le nom d' »Instalingo ». Cependant, elle a été surprise par la décision de transférer son dossier judiciaire de Sousse 1 à Tunis au début du mois de novembre, sans qu’une nouvelle chambre ou date d’audience soit précisée.
La journaliste est incarcérée depuis 14 mois dans la prison de Messaadine et fait face aux accusations de « comploter contre l’État, perturber l’ordre public et commettre des actes offensants envers le chef de l’État », en raison de sa supervision de la publication de contenus purement journalistiques, alors que la loi tunisienne lui confère un droit de poursuite uniquement au titre du décret n° 115 de l’année 2011 du 2 novembre 2011 relatif à la liberté de la presse, de l’impression et de la publication.
Le Syndicat national des journalistes tunisiens a tenu le ministère de la Justice et l’administration pénitentiaire responsables de toute dégradation de l’état de santé de la journaliste Chada Haj Mubarak et de son collègue Mohamed Bouglab, également incarcéré, et a mis en garde contre de possibles pratiques relevant d’une « politique de harcèlement systématique assimilable à des sanctions supplémentaires ».
L’Association des victimes de la torture à Genève condamne les mauvais traitements infligés à la journaliste Chada Haj Mubarak, qui est jugée sans considération de sa qualité de journaliste ni des lois qui encadrent cette profession et criminalisent les peines privatives de liberté. Elle demande :
1- La libération immédiate de Chada Haj Mubarak et de tous ses collègues journalistes et professionnels des médias, ainsi que l’arrêt de toutes les poursuites judiciaires arbitraires à leur encontre.
2- Elle tient les autorités tunisiennes, notamment Kais Saied, chef de l’autorité de facto, personnellement responsables de la sécurité physique de Chada Haj Mubarak, de ses collègues journalistes et de tous les détenus politiques et d’opinion dans les prisons du pays.
3- Elle rappelle aux responsables des actes de torture et à ceux qui les supervisent, quels que soient leurs niveaux de responsabilité, que le crime de torture est imprescriptible et qu’ils ne pourront échapper à la justice internationale.
Le Président
Abdennacer Nait-Liman