Considérée comme la plus vaste opération de répression depuis les années 1990.
Genève, le 16 septembre 2024
Depuis la nuit du lundi 9 septembre 2024 et au cours des jours suivants, les autorités sécuritaires tunisiennes ont procédé à l’arrestation de plus de cent militants politiques et civils proches du mouvement Ennahdha, impliqués dans le dossier de la justice transitionnelle (dont quatre femmes). Cette opération, sans précédent, de perquisitions et de violations des droits les plus élémentaires garantis par la loi, intervient moins d’un mois avant les élections présidentielles prévues pour le 6 octobre 2024.
Selon des communiqués rapportés par des militants de la société civile à l’Association des victimes de la torture de Genève, la plupart des personnes arrêtées sont âgées de plus de soixante ans, et la majorité d’entre elles sont des anciens prisonniers politiques du mouvement Ennahdha ayant purgé de longues peines de prison en raison de leur activité politique sous les présidences de Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali.
L’Association des victimes de la torture de Genève, suivant avec une grande inquiétude l’évolution préoccupante de la situation des libertés politiques et civiles en Tunisie depuis le 25 juillet 2021, et plus particulièrement au cours de la dernière année du mandat de Kaïs Saïed, tout en rappelant les conclusions de ses investigations légales qui ont démontré l’absence de caractère criminel des dossiers judiciaires concernant des citoyens et des militants tunisiens connus pour leur opposition politique à l’autorité de Kaïs Saïed et leur lutte contre les mesures exceptionnelles qu’il a instaurées, constate que les poursuites judiciaires contre les opposants à Saïed relèvent d’une purge politique manifeste à l’encontre des adversaires politiques et des militants de la liberté d’expression. Ainsi, elle :
- Exige la libération immédiate des nouveaux détenus du mouvement Ennahdha et de ses partisans, et tient les autorités tunisiennes pleinement responsables de leur intégrité physique, particulièrement étant donné que la plupart d’entre eux sont âgés et souffrent de maladies graves et chroniques résultant de leur incarcération sous les régimes répressifs de Bourguiba et Ben Ali.
- Avertit sur la gravité de la détérioration des libertés politiques et civiles, un domaine que l’État tunisien a pourtant ratifié dans le cadre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et attire l’attention de l’opinion publique internationale sur le fait que les autorités tunisiennes ciblent désormais leurs opposants politiques et les dissidents de manière sans précédent, leur imputant de lourdes charges pouvant entraîner la peine de mort, en totale contradiction avec les textes législatifs et les déclarations officielles qui affirment ne pas porter atteinte à la liberté d’expression.
- Rappelle, comme à chaque fois, que l’Association des victimes de la torture de Genève est déterminée à poursuivre en justice, au niveau international, tous les responsables de crimes de torture, soulignant que ces crimes ne sont pas soumis à la prescription.
Le Président de l’Association
Abdennacer Nait-Liman