Genève, le 16 mai 2024
Suite aux événements graves et à l’attaque illégale menée par Kaïs Saïed, chef de l’autorité putschiste, contre les secteurs de la presse et de la profession d’avocat, l’Association des Victimes de la Torture en Tunisie, basée à Genève, condamne fermement les pratiques du régime visant à étouffer toute voix libre dans le pays, entravant ainsi les droits et les libertés fondamentales.
L’escalade par l’utilisation d’une justice sous influence pour réprimer la presse, suivie d’une attaque contre la profession d’avocat – bastion de la défense des droits, des libertés et de la justice – est profondément préoccupante. L’arrestation arbitraire de Maître Sonia Dahmani, suivie le lendemain de celle, dans des conditions similaires à celles des milices, de Maître Mehdi Zagrouba, marquent une nouvelle étape dans la volonté du régime de bafouer les conventions internationales, notamment celles relatives à la lutte contre la torture et la protection de la dignité humaine.
Dans ce contexte, l’utilisation systématique des institutions d’État pour la répression, l’intimidation et la manipulation de l’opinion publique par des accusations infondées contre les opposants, constitue une menace grave pour la démocratie, le respect des droits humains et la paix sociale en Tunisie.
En conséquence, l’Association des Victimes de la Torture déclare ce qui suit :
- Solidarité totale avec toutes les victimes de torture et de répression, quel que soit leur secteur.
- Soutien aux avocats tunisiens dans leur combat contre les abus du régime et les dérives autoritaires.
- Condamnation des arrestations arbitraires, des intimidations et des atteintes aux locaux des avocats, visant à les empêcher de remplir leurs devoirs constitutionnels et légaux.
- Appel à toutes les composantes du système judiciaire pour défendre les droits des justiciables et refuser l’exécution d’instructions contraires aux lois nationales et internationales.
- Engagement à poursuivre, devant les mécanismes onusiens et les tribunaux internationaux, tous les responsables de la répression, de la torture et des intimidations, car la torture est un crime imprescriptible.
- Rejet catégorique des violations commises contre Maître Mehdi Zagrouba, notamment le refus du juge d’instruction d’ordonner un examen médical pour documenter les traces évidentes de torture sur son corps, selon des témoins avocats, et l’émission d’un mandat de dépôt alors qu’il était en état d’évanouissement.
Liberté pour tous les avocats en Tunisie.
La défense n’est pas un crime.
Abdennacer Nait-Liman
Président de l’Association