Les médias ont rapporté la triste nouvelle, concernant le journaliste jordanien Tayseer Al-Najjar, décédé vendredi 19 février 2021, dans la capitale jordanienne, Amman. Selon des rapports de la presse locale et internationale, sa mort était le résultat de complications médicales, accumulées par des maladies contractées durant sa détention arbitraire dans les prisons émiraties.
En cette douloureuse occasion, l’Association genevoise pour les Victimes de la Torture, présente ses plus sincères condoléances à la famille du défunt, à ses proches et à sa grande famille journalistique, implorant Dieu, le Tout-Puissant, de l’accepter dans sa miséricorde et noble pardon.
Incontestablement, le journaliste Tayseer Al-Najjar était victime d’une mort lente et atroce, orchestrée par ses bourreaux émiratis, puisqu’ il est décédé des suites de complications médicales et blessures subis pendant la période de détention et d’emprisonnement injustes aux Émirats arabes unis, où il a été jeté dans l’obscurité de ses terribles prisons, dont la réputation ternie par ses conditions inhumaines. Personne ne doute que si on y échappe par chance à la mort, on ne s’en sort pas indemnes des handicaps physiques et séquelles morales permanentes. Toutes les formes de torture sont pratiquées, au sens large du terme, à l’encontre des opposants politiques et défenseurs des droits de l’homme.
Le journaliste jordanien Tayseer Al-Najjar a été arrêté arbitrairement à cause d’un message qu’il avait publié sur Facebook à propos du rôle des EAU dans la guerre contre Gaza en 2014, suite duquel, un tribunal émirati l’a sévèrement condamné à 3 ans d’emprisonnement et d’une amende de 500000 dirhams (136000 dollars américains). Pendant son incarcération, le journaliste jordanien Tayseer Al-Najjar a été soumis à des tortures de toutes sortes, allant de la pression psychologique et physique jusqu’à la négligence médicale délibérée. Un témoignage accablant du défunt lui-même en atteste de cette sombre période de sa vie, et je cite : « dans la solitude, je souhaitais voir le soleil, et faire mes besoins normalement, sans retenue, et je souhaitais voir un visage dans les ténèbres de ma cellule ou je vis seul. Parfois, je criais, afin d’interpeller un cœur clément des geôliers, mais je me rendais compte que ce sont des cœurs sordides rangés par l’arrogance et la cruauté ».
Et d’ajouter sur son expérience amère dans les prisons émiratie : « Il y a beaucoup de choses que je ne pourrai pas révéler, ils m’ont menacé de mort si j’apparaisse sur une chaîne médiatique ». Les tourments de la prison ont continué à le hanter même après sa libération, un de ses tweets en atteste et je cite : « Je veux me sentir libre, comment cela peut-il arriver, parce que quiconque emprisonné aux EAU, la prison et ses souvenirs l’entourent et le hantent à chaque instant de sa vie « .
A cet égard, l’Association pour les Victimes de la Torture tient à évoquer ce qui suit :
• L’arrestation du journaliste jordanien Tayseer Al-Najjar et sa mort conséquente à des complications médicales, engendrées par la torture subie dans les prisons des Émirats arabes unis, est considérée comme une attaque à une presse libre que les autorités veulent bâillonnée, sans voix et sans âme.
• Les Émirats arabes unis ne cessent de poursuivre arbitrairement les défenseurs des droits de l’homme émiratis soient-ils ou étrangers, même au-delà de leurs frontières nationales.
• De nombreux intellectuels, défenseurs des droits humains et militants de la société civile croupissent encore dans les terribles et sombres prisons des EAU.
• Les autorités des EAU pratiquent des traitements inhumains contre les prisonniers d’opinion politique, les militants et les penseurs, qui font les frais d’un déni du droit à un procès équitable, subissent des pressions psychologiques atroces et une négligence médicale bien ordonnée, en les privant de leurs droits les plus élémentaires, y compris le fait d’être assisté par un avocat lors du procès.
• Les autorités émiraties ne font pas de distinction entre un homme et une femme dans leurs centres de détention, d’ailleurs les femmes sont souvent soumises à un harcèlement violent qui a, entre-autre, couté la vie de la prisonnière Alya Abdel Nour, détenue arbitrairement.
Vis-à-vis de ces violations, l’Association pour les Victimes de la Torture demande :
• La libération de tous les prisonniers d’opinion, défenseurs des droits humains et militants de la société civile détenus dans les prisons émiraties.
• Mettre fin à toutes les formes de torture et d’harcèlement pratiquées à l’égard des détenus et prisonniers d’opinion aux EAU.
• Offrir un cadre approprié pour un procès équitable et impartial à tout détenu.
• Dédommager les détenus pour les violations physiques et morales subies, ainsi que les familles des détenus décédés.
• Mettre fin aux poursuites contre les journalistes libres et fournir un environnement digne d’une presse libre et indépendante.
Demande
• Aux Nations Unies, et en particulier au Haut-Commissariat aux droits de l’homme, afin de faire pression sur le gouvernement des EAU pour qu’il assume son entière responsabilité et modifie son approche et son traitement des questions des droits de l’homme, de la liberté d’opinion et de la presse, surtout que les EAU sont membres du Conseil des droits de l’homme depuis de nombreuses années et, à ce titre, sont appelées à s’appliquer impérativement au respect du droit.
Miséricorde pour les martyrs et liberté pour les détenus
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Pour l’Association des Victimes de la Torture
Le Président Nait-Liman Abdennacer

