Interview avec Abdennacer Nait-Liman, président de l’Association des victimes de la torture en Tunisie avec le journaliste Alain Jourdan Le 6 Octobre 2021

Interview avec Abdennacer Nait-Liman, président de l’Association des Victimes de la Torture en Tunisie, basée à Genève, avec le journaliste Alain Jourdan, correspondant permanent au Palais des Nations Unies, pour évoquer l’évolution de la situation en Tunisie après le coup d’État

Depuis le coup d’État du 25 juillet 2021 en Tunisie, le pays a connu des transformations politiques majeures. Pour comprendre ces évolutions, nous avons rencontré M. Abdel Nasser Knight Lyman, président de l’Association des Victimes de la Torture en Tunisie (AVTT), basée à Genève. Cet entretien, mené par Alain Jourdan, journaliste et correspondant permanent au Palais des Nations Unies, offre un éclairage sur la situation actuelle des droits de l’homme en Tunisie.

Contexte historique de la Tunisie post-révolutionnaire

Après la révolution de 2011, la Tunisie était perçue comme un modèle de transition démocratique dans le monde arabe. Cependant, les espoirs suscités ont été confrontés à des défis politiques et économiques. La période post-révolutionnaire a été marquée par des tensions entre les forces politiques, des crises économiques et des attentes sociales élevées.

Le coup d’État du 25 juillet 2021 : un tournant décisif

Le 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed a pris des mesures exceptionnelles, invoquant l’article 80 de la Constitution, pour dissoudre le Parlement et s’octroyer les pleins pouvoirs. Cette décision a été perçue par beaucoup comme un coup d’État, suscitant des inquiétudes quant à l’avenir de la démocratie tunisienne.

Réactions internationales face aux événements en Tunisie

La communauté internationale a réagi diversement aux actions de Kaïs Saïed. Si certains pays ont exprimé leur préoccupation concernant le respect des principes démocratiques, d’autres ont adopté une position plus attentiste, observant l’évolution de la situation avant de se prononcer.

Rôle et missions de l’Association des Victimes de la Torture en Tunisie (AVTT)

L’AVTT, sous la direction de M. Lyman, œuvre pour la défense des droits des victimes de la torture. Basée à Genève, l’association documente les violations des droits de l’homme en Tunisie et plaide pour la justice et la réparation des victimes.

Les défis actuels des droits de l’homme en Tunisie

Depuis le coup d’État, plusieurs rapports ont signalé une recrudescence des violations des droits de l’homme. Des opposants politiques, des journalistes et des militants des droits humains ont été arrêtés ou harcelés, suscitant des inquiétudes quant à l’avenir des libertés fondamentales dans le pays.

Initiatives pour la réhabilitation des victimes de la torture

En 2014, la Tunisie a inauguré « NEBRAS », le premier centre de réhabilitation des survivants de la torture. Ce centre offre une prise en charge psychologique et sociale aux victimes, témoignant des efforts entrepris pour soutenir ceux qui ont souffert de violations des droits de l’homme.

Engagement de la société civile contre la torture

La société civile tunisienne reste active dans la lutte contre la torture. En juin 2023, plusieurs associations ont organisé des événements pour sensibiliser le public et plaider pour l’éradication de la torture en Tunisie.

Témoignages de victimes : une réalité poignante

De nombreux témoignages ont mis en lumière les souffrances endurées par les victimes de la torture en Tunisie. Ces récits soulignent l’importance de la reconnaissance des abus passés et de la nécessité de mécanismes de justice transitionnelle pour assurer une réconciliation nationale.

Les défis de la justice transitionnelle en Tunisie

La mise en place de mécanismes de justice transitionnelle en Tunisie a rencontré des obstacles. Les tensions politiques, les résistances institutionnelles et les attentes divergentes des victimes et des autorités ont compliqué le processus de réconciliation et de justice.

Conclusion

La Tunisie traverse une période cruciale de son histoire. Les actions entreprises par le président Kaïs Saïed ont suscité des débats sur l’avenir démocratique du pays. L’engagement d’associations comme l’AVTT et la mobilisation de la société civile sont essentiels pour assurer le respect des droits de l’homme et la consolidation de la démocratie en Tunisie.