Le président Kaïs Saïd consulte les citoyens tunisiens avec des QCM
En ligne depuis le 15 janvier, le questionnaire doit conduire à une réforme de la Constitution de 2014.
MARYLINE DUMAS
Tunis
MAGHREB – Un panneau informatif, une grande table et un micro. Et pourtant, le complexe de la jeunesse et des sports de Sidi Houssein, ville populaire en banlieue ouest de Tunis, accueille un événement officiel : une consultation populaire en ligne, première du genre dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. Voulue par le président Kaïs Saïed, l’étude a débuté le 15 janvier, et doit se poursuivre jusqu’au 20 mars. L’objectif affiché est de modifier la Constitution de 2014. Malgré l’intérêt du président, les premières journées n’ont pas connu de raz-de-marée.
Selon le ministère des Technologies de la communication, 102 856 citoyens ont participé, soit 1,3 % des personnes ayant accès à Internet.
C’est au complexe de la jeunesse et des sports que la présentation officielle de la plateforme de consultation a eu lieu. Sur écran géant, la démonstration du site a permis de découvrir les questions, toutes en QCM. Une façon pour les Tunisiens d’exprimer leur avis sur les choix politiques, économiques et sociaux du pays, du système politique à la place de la religion.
« Nous avons fait la révolution pour voter. Celui qui gagne une élection doit être respecté, tout comme la Constitution. »
Des réactions mitigées
Si certains citoyens voient en cette consultation un pas vers une plus grande participation populaire, d’autres expriment leur scepticisme. Plusieurs opposants dénoncent un exercice purement symbolique, qui ne reflète pas la véritable volonté du peuple.
Un enseignant en droit constitutionnel, qui a souhaité garder l’anonymat, critique la méthode employée : « Un questionnaire à choix multiples ne peut remplacer un véritable débat démocratique. Il ne s’agit pas simplement de répondre par oui ou non à des questions complexes, mais d’engager une réflexion approfondie sur l’avenir du pays. »
De son côté, la présidence affirme que les résultats de cette consultation seront pris en compte dans l’élaboration du futur projet de réforme constitutionnelle. Cependant, aucune garantie n’a été donnée quant à la manière dont ces résultats seront exploités.
Un avenir incertain
Alors que la Tunisie traverse une période de crise économique et sociale, cette consultation intervient dans un climat politique tendu. Les partisans de Kaïs Saïed estiment qu’il s’agit d’une occasion unique de refonder le pays sur de nouvelles bases, tandis que ses détracteurs y voient une tentative de légitimer un pouvoir de plus en plus centralisé.
Les prochaines semaines seront décisives pour savoir si cette consultation populaire parviendra à rassembler les Tunisiens autour d’un projet commun, ou si elle renforcera au contraire les divisions existantes.
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