Genève, le 14 mars 2024
Les autorités issues du coup d’État ne tolèrent plus la voix de la vérité ni la liberté d’expression, devenue une menace qui ébranle leur pouvoir. Les atteintes aux libertés publiques s’intensifient de manière alarmante. Ce ne sont plus uniquement les défenseurs de la loi, des droits et des libertés, comme les avocats, les activistes de la société civile, les juges et les opposants politiques, qui sont ciblés, mais également des citoyens ordinaires. Ces derniers croyaient en l’existence d’une véritable liberté d’expression, pensant que « l’oiseau s’était envolé pour ne plus jamais retourner dans la cage de l’arrestation, de l’injustice et de la tyrannie. » L’affaire de Nasreddine Halimi, âgé de 42 ans et résident du quartier Ezzdihar à Aïn Draham, dans le gouvernorat de Jendouba, en est une illustration parmi tant d’autres de citoyens injustement arrêtés ou emprisonnés, souvent dans l’ombre.
Après avoir détruit les droits civils et politiques, les Tunisiens en sont réduits à faire la queue pour un morceau de pain, une boîte de lait ou une bouteille d’huile. Chaque jour, les autorités du coup d’État ajoutent à cette crise des arrestations et des condamnations sans précédent. Le 15 novembre 2022, Nasreddine Halimi a été arrêté, et deux jours plus tard, il a été placé en détention provisoire. Après un an et demi d’incarcération, la chambre criminelle du tribunal militaire du Kef l’a condamné à 7 ans de prison. Ce verdict repose sur deux accusations :
- La première, en vertu de l’article 24 du décret-loi controversé n° 54, concerne l’utilisation des réseaux sociaux et la publication de trois messages, principalement des reprises d’autres publications, dont l’un appelait à une manifestation pacifique contre les autorités. Cette accusation lui a valu 6 ans de prison.
- La seconde, en vertu de l’article 91 lié aux juridictions et sanctions militaires, l’a condamné à une année supplémentaire.
Face à cette situation, l’Association des Victimes de la Torture, basée à Genève, déclare :
- Son entière solidarité avec le prisonnier d’opinion Nasreddine Halimi et exige sa libération immédiate.
- Son soutien aux avocats de Nasreddine Halimi pour leur engagement en faveur des victimes des atteintes à la liberté d’expression.
- Sa demande d’abrogation du décret-loi injuste n° 54, qui a ciblé de nombreux blogueurs, journalistes et autres citoyens exprimant librement leurs opinions.
- Son exigence de libération de Nasreddine Halimi, des journalistes comme Chada Haj Mabrouk et de tous les détenus politiques emprisonnés depuis plus d’un an.
- Son affirmation que ces procès inéquitables, les intimidations et la répression ne décourageront pas la volonté des citoyens, avocats et défenseurs des droits humains de renforcer l’État de droit et les institutions.
- Son appel à toutes les organisations nationales et internationales de défense des droits humains à dénoncer ces condamnations injustes contre Nasreddine Halimi et tous les détenus d’opinion en Tunisie.
Président de l’association
Abdennacer Nait-Liman