Genève, le 14 janvier 2025
Alors que les Tunisiens célèbrent aujourd’hui, mardi, le 14e anniversaire de la révolution tunisienne de 2010-2011, ils espéraient un déblocage politique et une initiative de l’autorité en place pour libérer des dizaines de prisonniers d’opinion, journalistes et blogueurs. Cependant, l’Association des Victimes de Torture à Genève a appris que la journaliste Sihem Bensedrine, ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité, a entamé aujourd’hui une grève de la faim depuis la prison pour femmes de Manouba (à l’ouest de Tunis). Dans une brève déclaration transmise par ses avocats, Sihem Bensedrine, incarcérée depuis le 1er août 2024 pour des affaires liées à sa gestion de l’Instance Vérité et Dignité, a déclaré :
« À mes autorités, en Tunisie : je ne peux plus supporter l’injustice qui m’est infligée. J’ai décidé de sortir de cette fosse où j’ai été enterrée injustement, quoi qu’il m’en coûte. Personne n’accepte l’injustice, et Dieu ne pardonne pas aux oppresseurs. »
L’Association a également appris que Mousab Al-Gharbi, jeune diplômé en droit (30 ans), a entamé une grève de la faim depuis le dimanche 12 janvier 2025 dans la prison de Oudhna (30 km au sud de Tunis), où il est détenu depuis le 23 juillet 2024 sous l’accusation fallacieuse de ne pas avoir signalé une personne recherchée. Cette accusation, désormais prouvée infondée, n’a pas été suivie de procès équitable. Mousab Al-Gharbi demande la tenue d’une audience et sa libération immédiate, déclarant à son père : « Jugez-moi… Fixez-moi une audience ! »
Par ailleurs, l’Association a été informée qu’un blessé de la révolution, Hatem Ben Ahmed Belarbi, a été convoqué par la police judiciaire au poste de la caserne d’El Gorjani à Tunis pour un interrogatoire prévu aujourd’hui, date marquant l’anniversaire de la révolution. Toutefois, la convocation a été reportée à une date ultérieure après un appel de la police.
Face à cette situation, l’Association des Victimes de Torture à Genève dénonce fermement la poursuite des pratiques arbitraires de l’autorité en place en Tunisie, qui érode les libertés politiques depuis le coup d’État constitutionnel du 25 juillet 2021. L’Association appelle à :
- La libération immédiate des deux prisonniers en grève de la faim, Sihem Bensedrine et Mousab Al-Gharbi, tout en tenant les autorités tunisiennes pleinement responsables de leur santé et de leur sécurité physique.
- L’arrêt des procès revanchards contre les opposants politiques et les dissidents, ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques, dans le respect des engagements internationaux de la Tunisie et pour préserver la vie et la liberté des détenus.
Président : Abdennacer Nait-Liman